mardi 5 octobre 2010

Hommage à Robert-Huges Boulin

Robert-Hugues BOULIN, poète aveugle, apportait sans cesse la preuve qu’il était voyant, au quotidien, comme dans sa poésie. Ses Images (titre de l’un de ses plus récents livres) le portaient, donnant à sa Cité intérieure (titre de l’un de ses premiers livres), un regard, un imaginaire aux couleurs plus chatoyantes que chez la plupart des autres poètes.
Robert, qui a longtemps fait partie de notre Comité, d’emblée nous reconnaissait à la voix, et sans la moindre hésitation nous saluait par notre prénom, et la chaleur de son timbre répondait à notre émotion.
Lucide sur son destin : Je ne suis né que pour mourir (Jetés a vent), il n’en demeurait pas moins transmetteur d’une parole de vie. Il a bâtit une œuvre aux multiples facettes : poèmes en vers libres, poèmes en forme classique, proses poétiques, nouvelles : Les mots cherchent le mot / les idées se courtisent (très belle leçon de poésie mise en lumière par son éditeur et ami, Thierry Sajat dans la préface de La Grande symphonie).
Il s’était rapproché de Pierre Esperbé - son cadet de quelques mois qui l'a cependant devancé dans la mort -, lorsqu’il avait découvert que les parents de celui-ci, tous deux aveugles, avaient également vécu à l’institut de Saint-Mandé, qu’ils avaient connu ses propres parents. La poésie et l’amitié amplifièrent leur complicité.
Les mots lui servaient à ouvrir de nouveaux chemins. La poésie, l’humour – et même l’autodérision -, l’amour, l’aidaient à se tenir debout, en homme chaleureux, arbre sans cesse revivifié dans sa quête d’une nature qui serait en harmonie avec l’humanité : Si je crois en l’homme / je doute de ses actes (Jetés au vent). Certains de ses vers ressemblent à des maximes : On ne fait pas de feu avec des cendres froides (Jetés au vent). Mais sa philosophie lui permettait surtout le dialogue avec les autres. Depuis la disparition de son épouse aimée, - également fidèle à nos réunions de poésie - il avait su se recréer un monde à la dimension de son élan poétique : L’homme éphémère appartient à l’éternité. Humble cependant, au service de ses compagnons. Son rafiot, écrit-il dans Images s’appelle Petit bonheur.
Son œuvre s’achève par La grande symphonie – parue en ce début d’été –. Il était conscient qu’il s’agissait là de ses dernières notes (titre d’ailleurs du dernier poème de ce recueil). Et avec ses derniers mots, je vous invite à le relire, à le remercier d'avoir été cet éveilleur de mots, à penser à lui, pour qu’il demeure vivant, dans la permanence du poème : Puisque vous êtes Lumière / au cœur de la nuit.

Colette Klein

dimanche 4 juillet 2010

Hommage à Laurent TERZIEFF

Laurent TERZIEFF Un artiste de lumière habité par la poésie, un être de passion et de partage.



Nous le rencontrions parfois venant de la rue du Dragon, où il demeurait,  sur le Boulevard Saint-Germain où le Cercle Aliénor tient ses réunions à la Brasserie Lipp. C’était une émotion intense que d’approcher cet homme de théâtre, immense et pourtant d’une telle vérité,  pour ceux qui avaient eu la chance de suivre son itinéraire, au moins  depuis « Tête d’Or », mis en scène par Jean-Louis Barrault, à l’Odéon, jusqu’au  « Philoctète » dans un texte de Jean-Pierre Siméon, sur la même scène. Exemplaire aussi pour les générations nouvelles qui ont découvert le comédien brisé par la vie et la maladie mais transfiguré par la passion du texte et de la scène et par ce don exceptionnel de communiquer au public le sens de la beauté.

Lorsque j’ai proposé,  il y a deux ans, une séance de notre Cercle sur le thème « Théâtre et Poésie » c’est vers lui que se tournait ma pensée. Nous gardions, comme trésor, après une présentation de Rilke,  l’évocation de  l’œuvre poétique de  Milosz au Lucernaire, au tout début des années 80. Impossible de surpasser en intensité, en clarté, en émotion cette offrande à trois voix  de la haute parole du poète. Pour cette composition dramatique intense, Pascale de Boysson et Claude Aufaure étaient  là, tout naturellement, en fervente complicité avec Laurent Terzieff.
Pour l’entretien avec Bruno Doucey au Cercle Aliénor,  nous avions sollicité Claude Aufaure, qui jouait à ce moment « L’Habilleur »  et a d’emblée  relevé le défi et l’exigence.

« Point de Théâtre sans Poésie »  aimait à dire Laurent Terzieff. Il confiait dans une interview accordée à Laurence Liban  «  L’essentiel nous est caché et ne peut se révéler par l’intuition poétique ».
Cette vie consacrée au partage et au don  en aura été la preuve lumineuse.

Maurice Lestieux
le 3 juillet 2010


mercredi 30 juin 2010

Disparition d'Olivier KRAFFT

Olivier KRAFFT, fils du fondateur du « Cercle de poésie et d'esthétique Aliénor-Jacques Krafft » est décédé le 2 juin dernier à Paris. Nous le savions gravement malade et nous admirions son courage et la force de caractère qu'il lui fallait pour venir,ces derniers temps, à nos réunions et conférences, ainsi qu'à la remise du Prix..
Plusieurs d'entre nous étions présents le 7 juin à la cérémonie religieuse de ses obsèques, auprès de Guislaine Krafft et de la famille. Une gerbe a été déposée au nom de ses amis du  Cercle Aliénor.

Né en 1926 à Paris, Olivier KRAFFT était Docteur en Droit et Licencié es Lettres.
Avocat au Barreau de Paris depuis sa prestation de serment en 1950, il avait intégré la Magistrature après plus de trente ans au Barreau. Magistrat honoraire, il était chevalier dans l'Ordre National du mérite.

Parallèlement à ses compétences juridiques et à ses fonctions judiciaires, Olivier Krafft, homme d'une vaste culture et d'une grande érudition, manifestait de hautes préoccupations littéraires.
Il était l'auteur de plusieurs ouvrages remarqués et réédités, tels « La politique de Jean-Jacques Rousseau : aspects méconnus » (1989) ou «  Les trois procès de Jésus »(2008)
Aux côtés de son épouse Ghislaine il était très actif à l'Association des écrivains du 7° arrondissement, qu'il présidait. A ce titre, il venait de recevoir la Médaille de la Ville de Paris pour son activité bénévole.

Notre Cercle avait reconnu en lui le mainteneur d'une tradition de la recherche appliquée au domaine de l'esthétique, spécialement en matière de poésie. Aussi avait-il été décidé de lui conférer le titre de Président d'honneur.
Son père, Jacques G. Krafft, (1890-1960) médecin, esprit scientifique, excellent connaisseur de la poésie et poète lui-même, s'inscrivait directement dans la ligne de ses maîtres, Etienne Souriau et Charles Lalo qui manifestaient beaucoup d'estime à ses travaux. C'est afin de rapprocher la réflexion approfondie sur l'activité d'écriture et les poètes eux-mêmes, que Jacques-G Krafft avait en 1950 organisé avec quelques amis, écrivains, artistes, universitaires, ces rencontres , placées sous le « patronage » de la Reine Aliénor d'Aquitaine, considérée comme emblématique, en cette Brasserie Lipp de Saint-Germain- des-prés où Monsieur Cazes les accueillait avec bienveillance.

Olivier, homme aux convictions très affirmées, participait attentivement aux activités du Cercle, et y témoignait avec éloquence, et non sans fougue et sans une cordiale vivacité, de sa conception stricte de la littérature. Il nous rappelait souvent les lois quasi-scientifiques qui doivent présider à la création du poème, comme elles sont le support de l'œuvre musicale dont elle est proche. Il offrait volontiers aux nouveaux membres un exemplaire de l'ouvrage de référence du fondateur du Cercle « Poésie corps et âme, étude sur l'esthétique de la poésie » publié en 1961 par la Librairie philosophique Vrin, qui venait comme en contrepoint de son précédent « Essai sur l'esthétique de la prose », préfacé par Charles Lalo.

Olivier Krafft aimait à évoquer sa famille : deux enfants, six petits enfants et deux arrière-petits enfants. A son épouse, à tous, nous tenons à dire notre reconnaissance et notre affectueuse sympathie.

Maurice Lestieux

mercredi 19 mai 2010

le samedi 8 mai, le cercle Aliénor a reçu
Pierre-Dominique Parent
qui a présenté sa communication:

Jean Dubacq et Serge Wellens
De Rochefort à la surréalité


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lundi 12 avril 2010

Stuart Dybek

Découverte du poète et nouvelliste américain
Stuart Dybek
Poésie et mixité urbaine

présentation par son traducteur
Philippe Biget

accompagnée de lectures par Colette Klein et Guy Chaty

lundi 15 mars 2010

Un poète au temps d'Aliénor: le troubadour Bertran de Born par Jean-Pierre Thuillat



Du Petit Larousse illustré jusqu'à l'Encyclopedia Universalis en passant par le Dictionnaire des poètes et de la poésie publié chez Gallimard en 1983 par Jacques Charpentreau et Georges Jean, aucun ouvrage de référence n'omet de consacrer une entrée conséquente à Bertran de Born.


dimanche 14 février 2010

Jean Orizet au Cercle Aliénor



"Quand j'interroge les dieux, les hommes, les arbres, les pierres et les villes, c'est moi-même que j'interroge afin de savoir qui je suis " Jean Orizet, La Vie autrement, Cherche Midi 1999.